Le parler champenois

Lorsqu’on est rémois, on utilise un vocabulaire pour lequel on est sûr d’être compris de tous les francophones du monde entier. Nous autres étrangers de la Champagne, on pourrait nous faire croire que nous manquons de vocabulaire parce que nous ne connaissons pas le sens de nareux ou de s’entrucher. C’est que les champenois utilisent de bien drôles de mots, qui soit dit en passant, ont parfois un vrai côté pratique.

Les non-rémois vous font part de quelques mots à connaître du dialecte champenois:

Béquiller : se dit de quelqu’un qui mange sans vraiment manger. « Elle n’a fait que béquiller dans son assiette, elle n’a pas dû choisir une Bonne Adresse Rémoise! »

Beugner : se cogner. « Il s’est beugné avec le coin de la table ». Le verbe ne s’emploit pas que pour les personnes, exemple: « il m’a beugné l’armoire pendant le déménagement. », l’armoire a pris des coups qui ont laissé des marques.

Brayette : le synonyme champenois pour la braguette du pantalon (le a se prononce).

Broyer : (le o se prononce bien o et pas oi) briser, casser, abîmer… « Mon petit garçon a broyé le boîtier de cd qui traînait sur la table. »

Clifer : faire des éclaboussures, « il a ouvert le robinet à fond et ça a clifé partout autour du lavabo. »

Couigner : « une porte qui couigne », verbe qui s’utilise pour mettre en évidence un son désagréable comme un grincement.

S’empierger : trébucher en se prenant les pieds dans quelque chose. « Je me suis empiergé dans l’annuaire des Pages Jaunes qui traînait par terre, j’aurais mieux fait d’aller sur le site des Bonnes Adresses Rémoises! »

S’entrucher : Utilisé à toutes les sauces, le verbe s’entrucher signifie que la sauce passe du mauvais côté. Le comble serait de s’entrucher avec du champagne ou un biscuit rose (c’est-à-dire les avaler de travers).

Fier : adjectif pour désigner un aliment trop amer ou trop acide, au point de déranger les papilles. « La tarte au citron est fière. »

Fourrière : extrémité d’un champ

Gadouiller : piétiner dans la boue , « il faut faire attention avec son vélo dans ce chemin, ça gadouille », « le petit est en train de gadouiller dans la flaque. »

Minon: amas de poussière (avec de la laine, des cheveux…)

Mouziner : verbe utilisé lorsqu’il pleut légèrement (de la pluie fine)

Nareux – Nareuse : adjectif pour qualifier quelqu’un qui attache de l’importance à l’hygiène de ce qu’il met à sa bouche. Une personne nareuse ne peut pas boire dans une canette derrière quelqu’un, car ça la dégoûte. Elle ne supporte pas non plus l’idée que quelqu’un (même si c’est son conjoint!) s’est servi dans le pot de pâte à tartiner, a reléché sa cuillère, puis s’est reservi avec la même cuillère dans le pot, elle préfèrera se priver de pâte à tartiner en sachant cela. Il n’y a pas d’équivalent dans le dictionnaire français, y aurait-il des nareux que dans le Nord-Est de la France?!?

Tirée : désigne de façon familière une longue distance pénible. « Ca fait une sacrée tirée pour rejoindre la cathédrale à pied. »

« Si ça tombe » : expression familière qui veut dire « si ça se trouve ».

 

18 réflexions sur « Le parler champenois »

  1. Un mot propre à la Champagne = babane. Désigne les ploucs/beaufs.

  2. Il y a une vielle insulte exclusivement Remoise que je vous donne afin qu’elle ne disparaîsse pas totalement:
    « Louis XV »…. Traiter quelqu’un de Louix XV à Reims c’est synonyme de clodo, bon à rien, imbécile… Bref ! Et ça vient de la statue de Louis XV qui se trouve Place Royale autour de laquelle se retrouvait toute la canaille de la ville dans le temps: clochards, tire-laine, prostiputes, etc… que l’on a finit par nommer d’après la statue de notre bon Roy Louis XV !

  3. et bien on y va piane-piane
    ça oui je connais un rémois de 71 ans qui a souvent entendu cette expression. Il y a aussi la gauille, pour la lavette et bien sur y faut pas s’entrucher
    bisous à tous les rémois
    exilé mais pas très loin

  4. Est ce que quelqu’un connaîtrait l’expression « tout piane-piane » pour décrire une allure lente ?

  5. Nous ne connaissons pas ces mots… Mais peut-être que cela parlera à d’autres champenois 😉

  6. J’ai ressorti mon « le parler champenois » de Gustave Philiponnat (1941) et en voici une toute petite sélection :
    Albuter : travailler sans méthode
    Baboigneux : individu mécontent qui grogne
    Baisser : tourner à ne rien faire ; flaner
    Baffuterie : objet sans valeur
    Bistrouille : ennuis, difficultés. Vin ou marchandise de qualité inférieure
    ….

  7. Discussion entre ma femme (ch’ti) et moi (maaaarnais) :
    – moi : ou t’as mis la bâche,
    – elle : hein,
    – moi : ou t’as mis la bâche,
    – elle : quoi,
    – moi : ou est la serpillière,
    – elle : tu peux pas dire la wassingue comme tout le monde

  8. y a pas que les rémois y a tous ceux de la champagne-ardenne qui sont cencés connaitre et les champenois c’est tous ceux de la marne(51), l’aube(10) ,la haute-marne(52),apres ya surement les ardennais aussi qui disent c’est expression et aussi ils se peut que les picard les disent aussi car la picardie et la champagne-ardenne ont un parlé simillaire

  9. Étant de La Ferté Milon et vivant à Soissons maintenant, tous les mots utilisés à Reims sont également des mots picards. S’entrucher, s’empierger, la wassingue, nareux, boudine, crayon d’mine, et … bien d’autres. Un picard qui va à Reims n’est en rien perdu ou un Remois qui va en Picardie ne l’est pas non plus la cliche, une paire de … A D

  10. Cela fait deux ans que j’habite dans le nord est….nareux par ci nareux par là..on dirait presque que c’est une mode ou une façon de se donner de la contenance!!! Une façon d’éviter la cigarette peut-être..

  11. Bonjour,

    Je m’intéresse aux parlers dialectaux de la Belgique romane (= la Wallonie). Le champenois en fait partie, même s’il n’est présent (de moins en moins, c’est vrai) que dans cinq ou six petites communes rurales à côté de la frontière française. En wallon (dialecte de mes grands-parents), on employait aussi « nareux » pour parler d’une personne vite dégoutée, difficile, délicate, par rapport à la nourriture. « S’entrucher » équivaut au wallon « astruquer », avaler de travers, s’étrangler. Et « clifer » – projeter de fines éclaboussures – possède un équivalent en français de Belgique : « spiter » (de l’eau qui spite, qui pétille), mot qui est surement d’origine germanique (du flamand).
    Enfin, l’expression « si ça tombe » est tout à fait courante en Belgique francophone !

  12. Bonjour et merci pour votre commentaire. Je ne suis pas sûr du sens du mot « agaces », serait-ce une « pie »?
    Cédric

  13. Bonjour,

    Beaucoup de ces mots proviennent du patois Ardennais, je suis ravi que les agaces marnaises n’en tiennent pas compte !

    JP l’aridet.

  14. avoir chaud la ganache ou la couenne = transpirer du visage
    minou (et non minon) pour les moutons de poussières
    on dit aussi des rémois qu’ils sont des « cornichons »
    allez savoir pourquoi.

  15. Vous oubliez le crayon de mine 😉 et le  »une paire de … » qui ne veut pas dire deux mais  »quelques »!

  16. je m’intéresse aux mots que j’utilise naturellement en tant que champenoise et qui étonnent en région bordelaise.

  17. Et la boudine alors?… c’est votre nombril!
    Bâcher pour passer la serpillère… et la cliche pour la poignée de la porte!
    C’est vrai que quand on arrive en Champagne, certains mots surprennent et il faut se les faire expliquer, ce que nous avons fait!

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