Portrait de vigneron – Benoît Marguet

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Guillaume de la Cave Colbert – 18 rue de Colbert – 51100 Reims
nous présente Benoît Marguet

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J’ai un véritable coup de cœur pour les Champagnes Benoît Marguet à Ambonnay. C’est un vigneron en pleine évolution produisant des Champagnes de plus en plus racés et précis.

Depuis peu, la baisse du dosage sur le Champagne Brut Réserve lui confère une nouvelle énergie, vinosité et fraicheur réunies.   

La gamme est riche et variée, de la cuvée de base à la confidentielle Cuvée Sapience, toutes possèdent une belle personnalité et une grande « buvabilité » (Benoit Marguet sulfite très peu ses champagnes).

La notion de terroir sera de plus en plus marquée pour l’année 2015 avec l’arrivée de cuvées parcellaires de lieux dits.

On apprécie toutes les mentions sur contre étiquette concernant les proportions de cépages, les millésimes, le dosage précis et la date de dégorgement.

Tout ce travail est en plus fait en Biodynamie.

Le champagne Marguet est une exploitation qui couvre 10 ha. Benoît Marguet gère le domaine familial depuis 2008. C’est un homme fasciné par la nature, qui est persuadé que c’est le travail à la vigne et le soin qui lui est apporté qui permettent de faire le meilleur champagne. Pour lui, on peut parier que le bio va se répandre rapidement. A terme, les vins ne seront pas seulement reconnus pour leurs qualités organoleptiques mais aussi pour leurs qualités environnementales.

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Toute la gamme des champagnes Marguet est disponible à la Cave Colbert

La gamme des champagnes Marguet est composée de sept cuvées, toutes disponibles à la Cave Colbert et cette gamme va bientôt s’agrandir grâce à l’achat de 10 à 15% de raisins chez des vignerons en conversion ou déjà en bio. Ces achats de raisin permettent à Benoît Marguet de créer des cuvées de crus, dans des villages où le domaine n’a pas de vignes.

Nous sommes allés rencontrer ce vigneron passionné un jour de novembre 2014 pour en savoir plus sur sa vision du Champagne.

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Quel est votre parcours ?

« J’ai bientôt 40 ans. J’ai toujours été atypique, que ce soit dans les sports que j’ai pratiqués ou dans ma façon de vivre. J’ai fait du skateboard à haut niveau, ce qui m’a permis de voyager en Europe. Au lycée viticole d’Avize, j’avoue avoir fait le service minimum pour obtenir le diplôme, ce n’est résolument pas là que j’ai eu le déclic pour mon métier de vigneron. Je suis ensuite venu travailler avec mon père au domaine familial où ce n’était pas toujours évident. Mon père était satisfait du champagne qu’il produisait et il ne souhaitait pas prendre d’autres chemins. J’ai aussi eu d’autres activités, j’ai travaillé chez d’autres vignerons, mais également dans un laboratoire d’œnologie, ou bien chez Mumm.
En 1995, je suis parti dans l’état de Washington. Certains pensaient que j’allais leur apprendre à faire du vin effervescent, mais une fois arrivé là-haut, ce sont eux qui m’ont finalement beaucoup appris. Les domaines que j’approchais étaient très pointus, j’ai pu apprendre entre autres à travailler le tonneau. Certains avaient déjà amorcé un travail biologique. Il faut dire que les américains sont en concurrence avec les vins du monde et que faute d’un terroir bien défini, il leur faut donc être créatifs. J’ai la même année travaillé avec Paul Hobbs qui est l’équivalent de notre français Michel Rolland, j’étais alors assistant winemaker.
A mon retour des Etats-Unis, j’ai eu la chance de faire mon service militaire au mess central des officiers. J’étais sommelier, c’était l’occasion de boire de très grands vins. Le mess central était dans le 8ème (arrondissement de Paris) et j’avais aussi l’opportunité d’aller voir les cavistes tels que la cave Augé.
Une fois mon service militaire terminé, je suis revenu au domaine familial. Je me suis inscrit au syndicat des vignerons (pour les jeunes de moins de 35 ans) avec de grands  vignerons tels que  Pierre Larmandier, Vincent Laval, Benoît Lahaye, David Leclapart, Christophe Mignon. »

Travail à la vigne

« Je pensais qu’il serait bien qu’on essaye d’autres méthodes de culture et mon père a accepté d’acheter des charrues. C’était très novateur, seul Jacques Beaufort pratiquait cette technique à Ambonnay. Les vignes se sont trouvées à avoir de l’herbe, c’est-à-dire qu’à l’époque, elles étaient considérées comme « sales ». En Champagne, la vision du sol au pied des vignes était un sol lunaire, sans herbe. Un engouement pour une viticulture plus durable s’est doucement mise en place. Cela fait maintenant dix ans que nous avons bousculé nos habitudes. Le chemin parcouru au niveau du bio pendant cette période est énorme. Plus encore, je pense que les dix prochaines années vont nous étonner par le dynamisme du bio. Nous sommes obligés de toute évidence de changer de paradigme et plus tard nous le comprendrons, plus il faudra changer radicalement et rapidement. »

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Faut-il privilégier les parcellaires ou faire le meilleur « brut sans année »?

« Faire un lieu dit c’est assez facile vu qu’on prend les meilleures parcelles pour en faire un champagne, faire un brut sans année, c’est beaucoup plus difficile.
Néanmoins, j’aime les lieux dits. Sur les vieillles vignes, on peut faire des choses extraordinaires. On a sorti les « crayères » et on va commercialiser « les bermonts » prochainement. »

Pourquoi travailler en biodynamie?

« Je suis passé en biodynamie en 2009. La biodynamie est une voie mais ce n’est pas la seule. La conversion en bio a par ailleurs un coût. Très tôt, j’ai constaté les avantages de la biodynamie dans des dégustations comparatives. Ce fut du bon sens de s’y mettre. Il y a d’autres techniques que la biodynamie qui sont intéressantes telles que les huiles essentielles, l’utilisation de pierres (lithothérapie) ou des techniques homéopathiques.
A mon avis, le bio est possible pour tout le monde. »

Quelle est la partie que vous préférez dans l’élaboration du champagne?

« J’adore le travail à la vigne même si je n’ai pas assez de temps à y consacrer. C’est là que les choses vont se révéler. Ce qui me plaît tout particulièrement, ce sont les assemblages. Tous les ans je suis bluffé par ces assemblages entre les pinots et les chardonnays. Cela nécessite un travail de création. A partir de deux très bons vins clairs, on pense pouvoir les assembler pour donner un super vin et ce n’est alors plus du tout pareil. Ce sera peut être le vin que l’on soupçonne le moins qui va permettre de faire le pont. Mon expérience me permet d’aller plus vite. Mais cela peut être long, il faut parfois 15 jours pour trouver le bon compromis pour les assemblages. »

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Vous avez tendance à baisser le dosage, pourquoi?

« Personne n’aurait pensé que le dosage aurait baissé si rapidement. Beaucoup de vignerons tendent vers l’extra brut et ce n’était pas prévisible. A la maison, c’est le vin qui décide et cela se fait naturellement. On fait les dégustations à l’aveugle. Les harmonies trouvées sont à des dosages de plus en plus bas.On a commencé à baisser le niveau des liqueurs en 2008. Ce n’était pas seulement une cuvée mais toute la gamme qui a évolué. La liqueur est pour moi très importante et elle est faite la veille du dégorgement à partir d’un vin en jeroboam. J’estime que c’est la manière d’obtenir une liqueur la plus pure possible. »

Quel est votre rapport au bois ?
« Les arbres sont extrêmement reliés d’un point de vue cosmo-tellurique. C’est le récipient le plus vivant. Je recherche des bois assez neutres, assez légers. Tout marque le vin y compris l’inox, qui fait résulter des catégories aromatiques telles que le bois ou le béton.
Ma préférence va vers le bois. On a des fermentations qui durent neuf mois en fût avec pas ou peu de soufre. »

Entrée de la maison Marguet

Un bon souvenir de vendange?

« Aller tout nu piger le vin rouge pour la première fois il y a une quinzaine d’année. C’est un échange avec la matière, un échange avec le corps. »

Pouvez-vous partager un souvenir de millésimé?

« J’ai aimé 2003, il avait un potentiel de garde important. Des années chaudes en champagne peuvent faire de très bon millésimes. »

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INFOS PRATIQUES

Champagne Marguet
1 place Barancourt – 51150 Ambonnay

voir la localisation sur un plan
à 30 minutes de Reims

Site internet du Champagne Marguet

Pour les personnes qui ne sont pas de la région et qui ont envie de découvrir les
champagnes de Benoît Marguet, vous les trouverez en vente en ligne sur le
site de la Champagnerie

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Blanc de Noirs 1er cru, assemblage de Grand Cru et Premier Cru de pinots meuniers et pinots noirs, 26€.
Réserve Grand Cru, fermentation en fût de chêne, assemblage de pinots noirs et chardonnays vieilles vignes, 27.50€.
Rosé Grand Cru, fermentation en fût de chêne, assemblage de pinots noirs et chardonnays vieilles vignes, 29€.
Amboniacus 2008 Grand Cru, fermentation en fût de chêne, 62% pinot noir, 38% chardonnay, dosage à 4g, 36.90€.
Amboniacus rosé 2009 Grand Cru, fermentation en fût de chêne, 16% pinot noir et 84% chardonnay, vieilles vignes, dosage à 5 g, 38€.
Les Crayères 2009 Grand Cru, fermentation en fût de chêne, 38% pinot noir et 62% chardonnay, 60€.
Sapience Vintage 2006 1er Cru, fermentation en fût de chêne, chardonnay et pinot meunier, présentée en coffret, prix : consulter le caviste.

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